L’obstacle
épistémologique apparaît lorsque la connaissance acquise est remise en cause
par renouvellement du questionnement (La question change, la réponse reste).
Dans
son livre La formation de l’esprit scientifique, Gaston Bachelard à
écrit : « Quand
on cherche les conditions psychologiques des progrès de la connaissance
scientifique, on arrive bientôt à cette conviction que c’est en terme
d’obstacles qu’il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Et il
n’agit pas de considérer des obstacles externes, comme la complexité et la fugacité
des phénomènes, ni d’incriminer la faiblesse des sens et de l’esprit
humain : c’est dans l’acte même de connaître, intimement, qu’apparaissent,
par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et des troubles. C’est
là que nous montrerons des causes de stagnation et même de régression, c’est la
que nous décèlerons des causes d’inertie que nous appellerons obstacles
épistémologique. »
Les
obstacles sont, pour Bachelard, non seulement inévitable, mais aussi
indispensables pour connaître la vérité. Celle-ci en effet n’apparaît jamais
par une illumination subite, mais au contraire, après de longues incertitudes,
« une longue histoire d’erreurs et d’errances surmontées ».
Gaston
Bachelard a mentionné une dizaine d’obstacle, tel que :
Ø L’expérience première,
plus exactement, l’observation première qui est toujours un premier obstacle
pour la culture scientifique. Elle est pittoresque, concrète, naturelle, facile.
On croit alors la comprendre.
Ø
la connaissance générale consiste à généraliser trop vite, ce qui
fait perdre de vue les caractéristiques d’un phénomène et qui bloque la
problématisation et fige en conséquence le progrès scientifique.
Pour
tout esprit scientifique en formation souhaitant éviter les obstacles
épistémologiques, Bachelard recommande quatre impératifs :
Ø Réaliser une libération intellectuelle
et affective : consiste à dissocier de ses
préjugés et de ses opinions (l’opinion ne pense pas pour Bachelard).
Ø La réforme de l’esprit :
éduquer l’esprit non pas en le saturant de connaissances, mais en lui apprenant
à se réformer sans cesse et à éviter de s’enfoncer dans les habitudes
intellectuelles.
Ø Le refus de l’argument d’autorité :
c’est-à-dire rejeter tout argument qui ne tient qu’au respect dû aux autorités
intellectuelles, et non à une démonstration logique ou empirique.
Ø Laisser sa raison inquiète :
ne pas trop laisser sa raison en repos, et exercer son esprit critique et sa liberté
de jugement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire